Comment j’ai écrit mon poème Je rêve de toi

Comment j'ai écrit mon poème J'ai rêvé de toi
L'écriture d'un poème intime entre rimes et strophes

La poésie répond à des règles que des poètes, de tout temps, ont créées ou respectées. Ce qui m’intéresse dans ce genre littéraire, c’est la perpétuelle appropriation des mots, de leur rythme encore plus poussé que dans tout autre genre littéraire !

Inventer un style, impulser son souffle, oxygéner la langue, dépoussiérer les canons du genre, c’est ce qui m’attire dans la poésie.

Je vais vous expliquer comment J’ai construit mon dernier poème Je rêve de toi.

La première strophe m’a donné le tempo et malgré les idées qui me venaient à l’esprit, j’ai dû restructurer les autres strophes pour que l’ensemble garde la cohérence de cette première strophe.

Écriture du poème Je rêve de toi

J’ai d’abord écrit une première version, spontanée. La voici :

Je rêve de toi ce matin,

si peu, si loin.

Je me souviens d’un orteil blanc,

aussi blanc que le drap

sur lequel il reposait.

D’une blancheur noble,

noble comme peut l’être

une statue de marbre.

Noble comme peut l’être

une peinture ancienne

noble comme le pied d’un illustre inconnu,

immortalisé à jamais sur la toile.

La première phrase a son rythme propre que j’ai souligné en rouge pour une meilleure visibilité. Je sais assez vite que je reprendrai le début en modifiant la notion de temps (ici ce matin). Puis vient l’adverbe de comparaison si, répété deux fois et suivi chacun d’un adverbe. Ces derniers ne sont pas forcément en opposition. Si j’avais voulu une opposition parfaite, j’aurais dit si peu, tellement !

Cette strophe fait apparaître une répétition du mot noble en tant qu’adjectif placé en début de phrase et juste après la virgule qui suit et donne un effet miroir. Je le mets en gras.

Il est employé après un substantif puis 3 fois employé avec comme. Cela pourrait servir de modèle.

Le rêve prend corps, donne du corps à étreindre.

À moi de trouver d’autres comparaisons avec deux autres adjectifs pour la deuxième et la troisième strophe tout en conservant mes idées.

C’est là que les choses se corsent ! Pourquoi ? J’écris comme les idées me viennent sans logique forcément apparente ou alors c’est une coïncidence ! Donc, il y a peu de chance qu’un poème soit parfaitement construit dès le premier jet d’écriture.

La deuxième strophe

La deuxième strophe qui m’est spontanément venue à l’esprit est celle-ci :

Je rêve de toi ce midi,

aussi bien, aussi fort.

Je me souviens d’un souffle long,

aussi long que le vol de l’hirondelle

planant dans le ciel.

Long comme l’attente

et la promesse que tu m’as faite,

long comme le souvenir

de toi entre deux rêves étourdis.

Il faut noter que je me souviens se répète aussi, couplé à aussi. Je sais d’ores et déjà que j’aurai cette structure de mots dans la troisième strophe. Je mets des couleurs pour repérer la construction du texte. C’est un repère spatial qui m’aide, à la manière d’une carte dite mindmap. Je suis très visuelle dans mon approche et tout aussi sensible au rythme.

Les si sont remplacés par des aussi suivis par 2 adjectifs qui ne sont toujours pas opposés. Rébellion… !

J’ai raccourci la deuxième strophe, parce que l’impression générale ne doit pas être d’avoir une liste. Ce n’est pas de la rédaction de contenu que je compose ici ! Ouf, il n’y aura pas de langage html non plus du coup !! Petit aparté !!

Ici, le ton est plus solennel, grave. Le fil de la mélancolie se déroule.

La troisième strophe

Enfin, une 3e strophe s’impose pour que la temporalité (matin, midi) s’enchaîne avec « soir ». Jusque-là, tout va bien. Les heures sombres de la soirée s’annoncent, attention !

Je rêve de toi ce soir,

malgré moi, malgré tout.

Je me souviens d’un mot bref,

aussi bref que la vie d’une illusion.

Bref comme la demi-mesure

entre deux notes reprises à la volée,

bref comme un soupir aux accents noirs

perdu dans la partition.

Ici la deuxième ligne introduit une préposition, malgré. L’affaire se corse entre les 2 protagonistes, on dirait ! Vous partez ou vous restez ?

La connotation des mots, qu’ils soient des prépositions, des adjectifs… est plus négative. Ah le soir, heures sombres ! Faut-il pour autant en perdre sa poésie ? J’espère que non ! Elle fait oublier avec délicatesse les tourments de la vie. La poésie mène au ruisseau les noirceurs pour leur redonner du teint en les diluant. Vous voyez le tableau ! Il est impressionniste ou pointilliste à votre avis ?

La dernière strophe a demandé du travail sur des notions de musique. Le mot soupir fait partie du vocabulaire musical et je l’ai découvert à l’occasion. C’est un silence qui a la même durée qu’une note noire. Donc accents noirs s’y réfère. Donc silence… Ce n’est pas bon signe entre les deux personnes. Ici c’est le chaos musical, le chaos tout court.

Le poème ne pouvait que se terminer ainsi. Bref, dis-je, bref comme un adieu, une fin de non-recevoir.

Emportez avec vous cette partition en 3 actes, tout un poème, toute une histoire, je vous l’écris.

Pour lire l’intégralité du poème, c’est par ici : Je rêve de toi

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Rédactrice de contenus web, autrice de fiction, community manager, relectrice et correctrice.