J’adore la photo et s’en inspirer pour écrire, c’est tout naturel. J’ai tendance à voir les histoires que j’invente comme si je visionnais un film. La photographie est donc un médium d’inspiration en littérature.
Les Japonais ont inventé leurs haïkus qui dérivaient de la nature. J’avoue être influencée par ce mouvement. J’ai une prédilection pour la nature sauvage, mais la nature en ville se pare parfois d’éléments qui la rendent poétique.
Cependant les occasions de faire de belles photographies ne sont pas intarissables. C’est pourquoi j’ai cherché à collaborer avec des photographes. Voici l’histoire d’une rencontre avec une photographe.
Mes haïkus couplés à des photographies en noir et blanc
Émilie Cayre est une photographe professionnelle qui a aussi une pratique et des objectifs personnels. J’ai découvert son travail sur un réseau social et donc l’idée est venue de créer des haïkus à partir d’univers visuels différents du mien. Elle travaille en mode noir et blanc. J’ai choisi quelques-uns de ses clichés comme support d’écriture avec son accord. Vous pouvez la suivre sur Instagram : @emilie.cayre.
C’est dans une ambiance de nuitée, clair-obscur avec des rencontres entre espèces animales et végétales que je vous convie. Le silence qui en ressort, la simplicité, le dénuement… vont de pair avec la brièveté d’un haïku.
Voici donc les haïkus écrits d’après ces photographies.
Une photo et un haïku, le duo créatif
La première photo représente deux tourterelles à la tombée de la nuit sur un fil électrique. Elles semblent dialoguer et le font probablement ! Elles surplombent des arbres et un bout de ciel. Voici le haïku qui ne découle :
D’un bec à l’autre,
Suivre le fil de la vie,
À la nuit tombée.

Voici une fleur claire, d’un pissenlit peut-être comme on en trouve en terrain sauvage. Elle se fraye ici un chemin parmi d’autres herbes farouches, attirées vers le ciel. En vers, je propose :
Tendue vers le ciel,
La corolle déployée,
Vie de lumière.

Une lune pas tout à fait entière semblant tomber au sol sous le regard de la nuit animée par des hirondelles et un palmier. Une ambiance poétique :
La joie d’un quartier,
Aux yeux des hirondelles,
Tombant sur le noir.

La lune encore, se cachant dans les vapeurs nuageuses. Un jeu de cache-cache, tableau nocturne silencieux. Quelques mots poétiques issus de cette photo :
Drapée d’une ouate,
Empesée et rieuse,
La lune s’ébroue.

Un papillon libre, aussi libre qu’un rameau de feuilles venu dont on ne sait où. Ils volent et se guettent ! Belle photo figée de deux éléments en suspens dans les airs. Voici mon poème court :
Frôle-moi, je suis
Plus léger que tes ailes,
Pause un instant.

Envie de collaborer avec moi ? Contactez-moi. Pour lire d’autres haïkus de ma production, cliquez ici.
Vous aurez aussi le plaisir de découvrir mon recueil de poèmes, Poèmes au gré du vent d’autan.
La photographie dans les livres de fiction jeunesse
Ce qui nous a réuni Émilie et moi c’est, au départ entre autres, le fait de parler de nos projets et notamment de littérature jeunesse. Émilie a posé la question d’utiliser la photo en tant qu’illustration dans la littérature jeunesse. C’est peu courant en France.
Les spécialistes parlent de double narration. Le livre de poésie La tour de Pic écrit par Lise Deharme et illustré en photos noir et blanc par Claude Cahun date de 1937 ! Voir la thèse de Marion Pottier pour son Master 2.
Parfois les projets de livres pour enfants font figurer des photographies distinctes de projets d’écriture : Le petit lion de Ylla et Jacques Prévert suit ce concept (Voir photo ci-dessous). On reconnaît aujourd’hui l’apport de la photographie en tant qu’images à part, mais associées aussi pour plusieurs grilles de lecture. Autrefois la photographie était jugée trop réaliste, trop chargée de détails, inexploitables par l’enfant dans un livre de fiction. Il restait le problème du coût rédhibitoire, réglé maintenant par l’usage du numérique.
Un bouleversement des mentalités a eu lieu avec le livre Album de Grégoire Solotareff imagé par le photographe Bauret. L’écrivaine américaine Taba Hoban a consolidé cette pratique. Voir le livre de Sophie Van Der Linden Lire l’album. (Voir photo ci-dessous)


Un livre très récent retrace le lien photographie/littérature jeunesse :
Cent cinquante ans de photolittérature pour les enfants de Laurence le Guen chez les Éditons Memo.
Laurence Le Guen est l’autrice d’une thèse sur les ouvrages photographiques pour enfants et professeure de lettres. Elle anime le site Miniphlit. dédié la photolittérature jeunesse.
À noter que la médiathèque José Cabanis de Toulouse a accueilli une exposition sur ce sujet.
Un partenariat professionnel mais avant tout de passionnées.
Haïku se pose là comme un titre à la photo mais laissant la place à l’interprétation de l’amateur d’art qui les decouvre.
Une belle aventure visuelle et cognitive merci!
Bonjour, Je ne voyais ça comme ça, Le haïku comme légende de la photo, mais oui, c’est pertinent. Merci beaucoup pour votre message.