Watership down est un livre-fleuve qui se lit sans aucun ennui. L’action est là à chaque moment. C’est 530 pages qu’on n’a pas envie de refermer avant d’aller au bout de ce périple romanesque.
De quoi parle ce roman ?
On ne devine pas dans la 4e de couverture qu’il s’agit d’une communauté de lapins où l’être humain est quasi absent. Il est d’ailleurs signalé comme un nuisible. Pas étonnant ! Ce livre aurait pu s’appeler Stratégie de survie ou Manuel de survie du monde animal tellement jour après jour, les dangers guettent les lapins qui s’enfuient d’une première colonie pour en fonder une autre, libre. Ils traversent des épreuves, affrontent d’autres garennes avec violence et luttent pour leur modèle de communauté. Parfois, ils convainquent quelques lapins d’autres communautés de se joindre à eux.
Une fois établis à Watership down, une colline paisible, leur eldorado, ils se rendent compte qu’il n’y a que des mâles parmi eux. Or, pour perpétuer l’avenir de la colonie, il leur faut des hases (femelles), évidemment. Cette quête est celle qui les verra construire des plans fous pour pénétrer dans d’autres colonies ou débaucher des hases détenues dans des cages de fermes. Car un lapin sauvage n’a pas la même vaillance qu’un lapin en cage ni même celui qui est contraint dans une colonie.
La portée universelle de Watership down
Ce livre a une portée universelle. Il montre comment à travers des caractères humains, l’entraide, la bienveillance, les valeurs de chacun peuvent être mises au service d’une communauté pour qu’elle soit pérenne, prospère. Au fond, il s’agit de vivre en liberté selon ses valeurs.
Les valeurs universelles sont magnifiées parfois dans des histoires mythologiques que l’épopée des lapins contribue à renforcer. Ils les racontent au cours de veillées.
Les combats et épreuves que mènent Hazel et les siens de la 3e et 4e partie sont épiques, on en a le souffle court.
Les spécificités du roman de Richard Adams
J’ai beaucoup aimé le personnage de Fyveer. Il est sujet à des prémonitions, des transes. Il ne se souvient de rien au réveil et pourtant son frère Hazel le chef de la nouvelle colonie de lapins dissidente l’écoute. Cela les sauvera plus d’une fois. La confiance donc entre eux, à bon escient sera cruciale contre des attaques d’autres lapins ou la rencontre d’espèces différentes (hermine, renard, chat, chien, faucon…).
À noter qu’ils ont un vocabulaire spécifique. Par exemple Kataklop est un tracteur et désigne plus généralement tout engin motorisé fabriqué par l’homme. Les animaux parlent un langage universel entre espèces. Ainsi, une mouette sera à leurs côtés pendant leurs combats. Ces dialogues sont savoureux !
Enfin, la nature a une place prépondérante dans ce roman, la végétation, les saisons, les cycles nuit/jour… C’est une lecture secondaire contemplative. C’est tout un écosystème qu’on voit se déployer avec la faune et la flore. Les hommes y sont évoqués, aperçus, à fuir, rarement aidants, sauf à la fin, peut-être pour une note d’optimisme.
L’auteur Richard Adams aborde les thèmes de la dictature avec pour exemple l’organisation de la colonie Effrefa, l’avortement naturel ou régulation de l’espèce, la mort avec la figure du lapin noir, la nuisance des hommes qui détruisent la terre…
Citation Page 186 :
« Ah ! Il y a tant d’horreurs sur la terre…
Et elles viennent des hommes, acheva Holyn. Les animaux vilou se contentent de suivre leur instinct, et Krik les inspire autant qu’il nous inspire. Ils vivent ici-bas et doivent bien se nourrir. Les hommes, eux, ne s’arrêteront pas avant d’avoir détruit la terre et éradiqué les animaux. Mais revenons à mon histoire…
Page 203, citation :
« Non, c’est parce que tu n’as jamais vécu dans une garenne où il y avait trop de lapins. Celle de Padi-shâ l’a été il y a un an ou deux et, chez beaucoup de nos hases, les portées n’arrivaient pas à terme. Le Padi-shâ m’a raconté qu’il y a très longtemps, Shraavilshâ a conclu un marché avec Krik et obtenu que les lapins morts ou non désirés ne sortent pas du ventre de leur mère. Si les petits n’ont pas la chance de vivre une existence acceptable, les mères ont le privilège de les dissoudre dans leur organisme avant qu’ils ne voient le jour. »
Un avis très favorable sur le livre Watership down
Voici une lecture passionnante, édifiante, qui prête à réflexion en tant qu’être humain. On croit être au centre sur terre, mais des tas d’espèces vivent et survivent malgré la vie des hommes et le danger qu’ils représentent. On notera qu’ici les lapins savent toutefois se servir à leur profit de ce que les hommes bâtissent (pont, barque…) avec beaucoup de malice. On pourrait dire que ce roman est un manifeste pour la vie et l’entente entre les espèces. En ce sens il peut être qualifié de roman écologiste.
Un petit mot pour dire à quel point la couverture du livre de l’éditeur Monsieur Toussaint Louverture est sublime. Mettre photo. La 4e de couverture est intrigante. Un « Merci » figure au-dessus du code-barre. On trouve aussi une critique à côté et un commentaire de l’éditeur.
Les mentions légales à la fin de livre sont une merveille. On obtient les références du papier, de la police de caractère, le papier de la jaquette, les dimensions du livre, les dates de naissance et de mort de l’auteur… Voilà un objet-livre bien dans sa peau et dans son texte.
Leave a Reply