L’Art nouveau dans la littérature

L'Art nouveau dans la littérature
L'Art nouveau dans la littérature

L’Art nouveau est un mouvement artistique de la Belle Époque (période historique, 1890-1914). Ce mouvement est international. En Allemagne il est appelé Jugendstil et en Angleterre, Arts and Crafts. Il s’exprime à travers plusieurs formes, architecture, peintures, meubles, céramiques, verreries, affiches, couvertures de livres… C’est un mouvement qui signe l’essor d’un nouvel art décoratif à l’échelle européenne après la 1ère guerre mondiale.

Il se caractérise par des formes courbes et des arabesques et une certaine simplicité. C’est la nature et les femmes qui inspirent les artistes. La valorisation de la création artisanale, d’objets à la fois beaux et utilitaires en est la marque de fabrique. En France, L’École de Nancy est le fief de l’Art nouveau.

  • Hector Guimard (architecture),

  • Émile Gallé (verreries, sculptures),

  • Louis Majorelle (ébéniste),

  • René Lalique (verreries),

  • Émile Grasset (affichiste, typographe, créateur de papier, dessinateur de meubles…)

  • Gustav Klimt (peintre),

  • Antoni Gaudi (architecte),

  • Victor Horta (architecte, design),

  • Alsons Mucha (Affichiste),

  • William Morris (peintre, affichiste, poète, designer textile…).

La littérature a été influencée par ce mouvement artistique, que ce soit dans la littérature jeunesse ou pour les adultes. Voyons comment les livres pour enfants témoignent de l’Art nouveau.

La littérature pour enfants et la nouvelle ère décorative du début du XXè siècle

Le gardien de l’arbre de Myriam Ouyessad, illustré par Anja C. Klaus édité chez Elan vert met en valeur une œuvre du peintre autrichien Gustav Klimt.

Ce superbe livre grand format est un conte basé sur un dessin divisé en trois parties, ce que l’on appelle un tryptique, du peintre Gustav Klimt. Il s’agit en fait d’une mosaïque murale divisée en 3 parties : L’attente, L’arbre de vie et L’accomplissement (1905-1909). Il symbolise un jardin éternel de l’art et de l’amour. L’arbre a un tronc central qui déploie des spirales à n’en plus finir !

Le gardien de l'arbre, conte
Extrait du Le gardien de l'arbre
Triptyque Gustav Klimt

Et le conte alors qui s’est greffé sur ces images ? C’est Myriam Ouyessad qui l’a imaginé. Elle trouve que ce triptyque a un grand « pouvoir narratif ». Les personnages sont là, l’arbre de vie éternelle aussi. C’est en pratique une vignette de bande dessinée qui raconte une histoire : l’attente d’une jeune fille qui traverse un jardin et rencontre l’amour.

L’autrice y ajouté plusieurs éléments : 

  • une graine unique qui va pérenniser cet arbre,
  • un homme qui devient le gardien de cette graine et donc de l’arbre,
  • Minoa, la vieille femme qui est là pour la transmission.

Le résumé de l’histoire : Djalil a pour habitude d’aller chez Minoa, la vieille femme un peu sorcière qui habite dans une cabane perchée dans un arbre. Djalial choisit chaque fois une boîte contenant une graine. Elle en raconte l’histoire. Mais aujourd’hui, il est temps de transmettre la grande graine noire et blanche qui ressemble à un œil. Minoa donne des recommandations. L’arbre qui a produit cette graine n’existe pas. La garder, c’est protéger l’arbre qui n’est pas encore né.

Djalil veille longtemps sur la graine, dresse un faucon destiné à protéger l’arbre de proies. Et un jour, ils s’en vont dans le désert, bien loin. Dans une vallée près d’un ruisseau, il plante la graine. Elle devient un arbre incroyable, avec 7 branches. Puis un jour, un fruit rqui essemblait à un oeil émergea. Djalil le mangea et dormit ensuite. Il fit des cauchemars.

La nuit suivante, un orage éclata et les visions de Djalil se réalisèrent peu après. Alors, il sut qu’il devait protéger le palais d’Argo des inondations, dans la ville de Ganhar. Il envoya un message via son faucon. Le roi le crut et le palais fut sauf. Il mandata sa fille, la princesse Nadja, afin de découvrir le secret de Djalil pour voir l’avenir. Elle retrouve Djalil et comprend qu’il a un pouvoir. Ils se serrent dans les bras l’un de l’autre.

Une autre femme est venue. Elle porte une robe aux motifs de montagnes. Elle est parée d’or et correspond à L’attente, la partie gauche du triptyque.

La police de caractère employée dans ce livre est de style Art nouveau. À ce jour, je ne sais pas comment elle se nomme malgré mes recherches.

À ce propos, je vous invite à lire mon article de blog sur la typographie.

Les illustrations reprennent les codes du tableau de Klimt, tant dans les décors que les habits. Minoa a une chevelure figurant une forêt. Les tons sont chauds, rouges, marron, orangés et or.

C’est un superbe livre et un joli conte, précieux. Le livre comprend une double page explicative sur Gustav Klimt, son art, son triptyque et l’autrice du livre.

Voyons maintenant un autre livre, inspiré de la vie de William Morris (Arts and Crafts).

Le carnet rouge de Benjamin Lacombe met en scène la vie de William Morris, figure majeure du mouvement anglais Arts and Crafts. Le livre est illustré par Agata Kawa et édité chez Seuil jeunesse.

L’histoire retrace ici une partie de l’enfance de William Morris. Enfant, il quitte avec sa mère et ses frères et sœurs pour entrer au collège Marlborough. La première chose qu’il y voit est le jardin. Ce sera son refuge. En effet, il est tête en l’air et dessine sans arrêt sur son carnet rouge en cours (cadeau de son père disparu). Cela lui vaudra des reproches. Malgré tout, il devient populaire, car il aime à raconter des tas d’histoires. Le jardin et une forêt toute proche sont sources d’émerveillement et de créativité pour lui. Un jour, le professeur lui confisque son carnet rouge. Il revient vers lui en louant la qualité de ses poèmes et de ses dessins. Il lui lance un défi : lire des livres imposés et en faire un compte-rendu sous la forme qu’il veut. À la fin du collège, il a beaucoup appris et son goût pour l’art et l’écriture le motive à autre chose que la prêtrise qui était prévue initialement.

L’album est illustré de fleurs en arabesques comme dans l’Art nouveau. On trouve aussi des médaillons encadrés d’arabesques, des détails en sépia. Il y a également des phrases manuscrites figurant les pensées de William. Elles sont intégrées dans les illustrations. Celles-ci sont splendides et emploient des tons doux, poudrés, des taupe, marron, rose, des gris… La faune est très présente aussi avec des oiseaux et petits mammifères…

Extrait de Le carnet rouge, la vie de william Morris
Les fleurs dans Le carnet rouge
La confiscation du carnet rouge

Une bande dessinée qui reprend les codes de l’Art nouveau

Voici maintenant la bande dessinée Little Nemo in Slumberland de Winson McCay, un chef-d’œuvre datant de 1905. Les planches ont été publiées dans le journal New York Hérald. L’Art nouveau est présent dans l’inventivité et la création des perspectives, l’échelle, l’emploi des couleurs. McCay a imaginé des images oniriques avec des formes fantaisistes. Même la mise en page est expérimentale.

Eric Shanower, Gabriel Rodriguez et Nelson Daniel ont retravaillé ce chef-d’œuvre. Ils ont été primés par un Eisner Award pour le meilleur récit complet (2015). C’est cette version que je présente.

Little Nemo un Slumberland, couverture
Extrait de Little Nemo in Slumberland

Voici d’autres livres reprenant les codes de l’Art nouveau :

  • Princesses d’ivoire et d’ivresse de Jahyra, illustratrice ed chez Népaonthès,

  • Fabulous – Dans les ombres par Alyciane Cendredeau illustrations du studio Acryline,

  • Mademoiselle blanche de Rose Marie-Noële Gressier chez Samir Édition, riman ado avec la couverture et  des illustrations Art nouveau,

  • Un baobab pour lady Lily (album) de Caroline Hurtut, ill Amandine Dugon, chez Rêves bleus (D’Orbestier),

  • Le collier d’Isaac de Anne Samuel aux Éditions Les petites moustaches, roman adolescent.

La littérature adulte et l’Art nouveau

Eugène Grasset était un touche-à-tout, peintre, affichiste, typographe, créateur de papier et de tissus, de meubles… En clair, tous les supports pouvaient l’intéresser ! Il est né en 1845 à Genève, mais a travaillé en France. Le livre Art nouveau La plante et ses applications ornementales est l’exemple même du sujet favori des acteurs de ce mouvement : la nature. Il est édité par les Éditions courtes et longues (2022).

Le livre a été édité à l’origine en 1896. On découvre des planches et des déclinaisons en frises de 23 plantes réalisées par les élèves d’Eugène Grasset. Le format vertical supérieur au A4 permet d’admirer les moindres détails. J’ai en particulier craqué pour les teintes marron, les bleus et les verts. C’est avec enchantement que j’ai parcouru petit à petit pour en savourer l’ambiance et les courbes.

Eugène Grasset disait que la nature était une source nouvelle, abondante et inépuisable. Ces œuvres sont intemporelles et si inspirantes. Regardez ces quelques exemples en photos. Vous serez conquis·e·s, j’en suis sûre.

Art nouveau La plante et ses applications ornementales
Eugène Grasset et les dessins de plantes

J’ai récemment craqué aussi pour la couverture d’une bande dessinée, Automne en baie de Somme de Philippe Pelaez et illustrée par Alexis Chabert. Elle est éditée chez Grand Angle. La couverture reprend les codes de l’Art nouveau : une frise turquoise et dorée, aux motifs de soleil et d’oiseau. Elle est disposée en cercle. De part et d’autre des arabesques dans des tons turquoise coiffent l’image principale. Au cœur du cercle, une belle jeune femme est dessinée. Voilà un autre sujet favori des artistes de l’Art nouveau.

Je n’aurais pas parlé de ce livre si seule la couverture méritait le détour, non ! L’histoire sur fond d’enquête policière traite aussi du milieu de la peinture et d’un  modèle d’art, la jeune femme de la couverture. À ce titre, des décors dans l’histoire sont inspirés de ce style décoratif de l’Art nouveau.

Automne en baie de Somme, bd
Décors et ambiance de Automne en baie de Somme
Style Art nouveau dans Automne en baie de Somme

La police de caractère du titre de cette bande dessinée et celle de l’histoire sont raccords avec le style Art nouveau. Les pages d’introduction de la 2e et 3e parties sont constituées de décors en arabesques gris ou taupe.

Globalement, j’ai eu un coup de cœur pour les couleurs et les ambiances de cette bande dessinée. Les jeunes femmes malmenées par des sociétés secrètes d’hommes trouvent leur opposé à travers la femme au rôle de modèle d’art, aimée par le personnage du peintre, mais aussi la femme de l’industriel mort. Celle-ci est riche, perfide et calculatrice. Elle tente de prendre sa place et se rebelle.

Les artistes d’Art nouveau se sont aussi exprimés à travers la création de superbes couvertures de livres.

Les Books Covers et l’Art nouveau

Voici des références numériques sur l’Art nouveau et la littérature, la presse les affiches

Faites une recherche avec les mots-clés art nouveau bookcover dans un moteur de recherche ! Une mine d’infos vous attend.

Vous pouvez aussi consulter cette bibliographie sur Babelio.

Je conclurai en disant que l’Art nouveau continue d’être exploré par des créateurs et créatrices contemporaines pour notre plus grand bonheur. Voyez par exemple le compte Instagram de @vera.drmanovski

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Rédactrice de contenus web, autrice de fiction, community manager, relectrice et correctrice.