Voici deux textes écrits au milieu du siècle dernier. Le premier est Ils étaient vivants et ils m’ont parlé. Ils traitent du rapport aux livres de l’auteur (Henry Miller) depuis sa prime enfance, jusqu’à sa phase adulte où il est devenu écrivain.
À quoi s’attendre ?
À des souvenirs, des conseils de lecture, des lieux inédits pour lire (les cabinets surtout), une vision sociologique de son temps, philosophique aussi et beaucoup d’humour.
Voici donc une lecture qui date et qui n’est pourtant à bien des égards pas périmée !
Ils étaient vivants et ils m’ont parlé, la littérature et les lieux de lecture
Enfant, l’auteur n’avait pas d’argent pour acheter des livres et ne trouvait pas ceux qu’ils voulaient en bibliothèque. Les fameux livres censurés qu’il aurait aimé lire discrètement aux cabinets se refusaient à lui.
Pour Henry Miller, ce qui rend un livre vivant ce sont les recommandations que l’on en fait. C’est aussi s’en défaire, acte de noblesse des grands hommes. Soyons des passeurs, des passeurs de liens.
Faut-il en lire beaucoup ? Surtout pas. Il estime qu’à peine 50 livres dans toute l’histoire de la littérature sont indispensables. Le reste est de la littérature remâchée sans originalité dans le style et la pensée.
De quels livres de son enfance se souvient-il ? Ceux qui étaient humoristiques. Il ajoute toutefois les contes qui fournissent l’imagination que l’on ne retrouve plus dans la littérature pour adultes. Comment classe-t-il les livres ? Cela va des classiques qu’on n’a jamais lus à ceux qu’on lira peut-être. Entre les deux, il y a les livres dont on a entendu parler (et qui resteront en l’état), ceux qu’on veut lire un jour (hypothétique).
Ses préférences vont des contes japonais et des Mille et une nuits à la littérature chinoise. Il évoque aussi les livres dont on parle trop, ce qui à son avis les dénote. Je suis du même avis !
Cependant, il a quand même lu Les hauts de Hurlevent malgré les avis dithyrambiques. Il fut très surpris par la beauté et la puissance de cette œuvre. (En revanche les « livres confessions » le font fuir.)
Il voit dans l’autobiographie, de la fiction.
« La fiction est toujours plus proche de la réalité que le fait brut. »
Il conseille de lire les livres de son temps pour avoir connaissance de son époque et non pas les classiques que les universitaires préconisent selon leur échelle de valeurs à eux. Il est convaincu aussi qu’on est attiré par les livres par déterminisme.
Quant à lire pendant qu’il écrit, c’est un vice auquel il s’adonne malgré lui. Il a cependant changé d’attitude envers les auteurs et éditeurs qu’il critiquait autrefois. Il souhaite connaître leurs secrets.

Lire aux cabinets, avis sur les livres et les lieux de lecture
Enfant et adolescent, on l’a vu, Henry Miller lisait aux cabinets et adulte, c’est dans les bois qu’il choisit de lire. Il a toujours beaucoup lu y compris dans des situations incontrôlables de transports en commun où il apprenait pourtant par cœur des passages d’œuvres littéraires.
Pour lui, ce lieu (w.c.) est le refuge de lectures futiles. Les femmes s’y cachent pour échapper à leurs obligations ménagères voire maternelles. Lire en salle d’attente est aussi futile, car on accède à de l’actualité et c’est tout. Il vaut mieux méditer dans ce cas sur des problèmes personnels que de lire. Il insiste sur le fait de bien choisir ses lectures, se demander ce que cela va nous apporter réellement.
Quant aux cabinets, finalement, il essentiel d’y faire uniquement ce pourquoi on y va en toute concentration pour la paix du corps et de l’esprit. Beaucoup d’humour ici.
Quant au temps dont nous disposons, il peut être employé à lire. Il liste 5 raisons de lire :
- se délivrer de soi-même,
- s’armer contre les dangers,
- maintenir ses connaissances pour impressionner les autres,
- se cultiver sur le monde,
- par plaisir.
Ceux qui peuvent se permettre de ne pas lire sont ceux qui ont la sagesse et la connaissance. Ils ont le luxe d’avoir tout leur temps libre à l’écoute des autres.
En fait, l’hygiène de vie est vitale et la lecture doit être orientée en ce sens (lecture apaisante) si nécessaire !
Il termine en se demandant comment et quoi lire dans l’Espace, d’autant que tout est devenu complexe à appréhender. Le livre est écrit en 1957 et on comprend mieux le pourquoi de cette réflexion.
Pourquoi lire ce livre qui date ?
Il est tendre, humoristique, témoin de la vie littéraire de l’auteur. Il contient des considérations philosophiques, sociologiques, des références littéraires.
Et vous, quelles sont vos motivations pour lire ? Quels genres ont votre faveur ?
Vous avez lu ce livre ? Que vous a-t-il apporté ?
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