Les livres de nature writing me séduisent parce qu’ils montrent le rapport de l’humain à la nature :
- le respect du vivant,
- l’humilité,
- l’estime de soi,
- le dépassement.
Cela me galvanise et correspond à mes valeurs.
Le roman L’homme de l’hiver de Peter Geye débute avec l’annonce de la disparition d’Harry le père de Gus, dans les bois près de Gunflint. On se situe aux États-Unis au nord près de grandes étendues de lacs et de bois avant la frontière canadienne. Les hivers y sont rudes. Les habitants sont pour la plupart issus des gens émigrés. La famille de Harry est d’origine norvégienne.
Les recherches ne donnent rien concernant Harry et Gus dit qu’on ne retrouve jamais les gens qui se perdent dans les bois.
Les récits de Gus et ce fichu bonnet – remis entre mes mains tel un verdict, et dont nous ne devions plus jamais reparler – ont laissé mon cœur dans le même état que les pins explosés le long de la rivière cet hiver.
Tout y est : l’émotion, la puissance de la nature, les relations entre Gus et Berit, la saison des faits (l’hiver).
Le fil du passé va alors être déployé entre les souvenirs croisés de Berit, la dernière femme de Harry et ceux de Gus. On se situe au début du XXe siècle. La saga familiale remonte au XIXe siècle.
La rivalité entre la famille Eide et Aas.
La famille Aas est corrompue, violente, prête à tout pour acquérir ce qu’elle veut y compris et surtout le Bois Brûlé qui contient du fer, du cuivre, du bois et de l’hydroélectricité. Cette terre appartient à Harry Eide. Aucun coup bas ne sera épargné à Harry. Il séduit la femme de Harry, essaye de corrompre Gus avec sa propre fille, intimide la mère de Harry qui habite la boutique de l’apothicaire…
En même temps que Gus raconte l’histoire vieille d’il y a 20 ans où il a disparu avec Harry dans les bois pendant l’hiver, Berit raconte sa version de l’histoire de Gunflint et en particulier donc celle qui la lie à Harry.
C’est qu’elle a attendu longtemps Berit pour être auprès d’Harry à cause des obstacles mis sur sa route et de sa timidité. Rebekah la mère d’Harry a fui le foyer dès la naissance de son fils et a été à jamais honnie du cœur et de la vie d’Harry. Ce personnage haut en couleur a connu un sort tragique : exploitée, puis récupérée par Hosea Grimm qui s’est servie d’elle de manière ignoble.
Gus a grandi près de son père et de sa mère Lisbet, arrogante et riche jeune fille qui tombera dans les filets de Charlie Aas. Gus a une sœur nommée Signe, peu présente dans le roman. Gus s’est peu à peu rapproché de Berit et la respecte. Il est devenu professeur, est marié, très heureux, et père de deux enfants. Mais une fêlure demeure en lui : le poids des secrets.
C’est toute la saveur de cette saga familiale, les secrets et le poids des destinées.
Le poids des secrets dans L’homme de l’hiver
Que s’est-il donc passé de mystérieux qui lie les Aas et les Eide ? De multiples faits peu glorieux toujours dénonçant la violence des Aas.
C’est que Charlie qui est de la génération de Harry a sévi à l’intérieur de son propre camp. Alors qu’il a enfreint les lois à plusieurs titres, échappé à la justice, c’est peut-être Harry qui va en terminer avec lui.
20 ans auparavant, l’étau se resserre autour des terres du Bois Brûlé. Un jour, Harry entraîne Gus en hiver pour une expédition en canoë. Démarre une aventure folle, où Gus se confronte à la nature, à la dureté des conditions, de l’hiver, et à son père qui cache quelque chose. Et cela a directement rapport avec Charlie Aas, bien sûr.
Gus qui a dix-huit ans va devenir un homme, fort, habile, rusé. C’est cela que voulait son père, car il devient son atout. Car Charlie est à leurs trousses ! Il faudra beaucoup de temps pour que les hostilités se déclenchent. Pendant ce temps justement, père et fils vont vivre des aventures épiques qui auront une importance capitale pour la suite des événements. La rudesse et l’apprentissage caractérisent les journées des deux hommes. La confrontation avec la nature, la faune est omniprésente et met à nu les deux hommes. La sauvagerie entrera dans leur parcours avec la venue d’un hydravion.
Évidemment les Eide s’en sont sorti sinon Berit n’aurait pas eu par la suite une vie de couple avec Harry, et Gus ne serait pas devenu un quadragénaire accompli.
Des personnages secondaires viennent étayer l’histoire de ces pionniers de ce village de pêcheurs protestants. Ils ont tous connu une forme de violence dans leur parcours, que ce soit des hommes ou des femmes. Rebekah la mère de Harry a embauché Berit au bureau de poste, par exemple. C’est ainsi que Berit s’est installée dans le village, a rencontré Harry puis est tombée sous son charme. En même temps arrivaient Lisbet et sa famille en bateau. Son esprit de conquête a eu raison de Harry, mais pour peu de temps ! Celui de lui faire deux enfants. Rebekah s’est retirée dans la boutique d’apothicaire avec Berit pour seule protection. On la prend pour une sorcière.
Le père d’Harry est mort tragiquement et on apprend comment à la fin du roman.
Parlons de Théa dont on retrouve les lettres à la fin, lors du tri des archives de la boutique. Elle est envoyée depuis la Norvège à Gunflint chez son oncle. Elle sera employée dans un camp d’hommes en reviendra enceinte. Son oncle n’a jamais fait parvenir ses lettres à ses parents. Ils ne sauront donc jamais qu’elle est décédée d’une opération pratiquée par Hosea sur la jeune fille pour lui enlever les ovaires. Théa est l’arrière-grand-mère de Harry.
La jeune génération par contre est plus accomplie, Signe la sœur de Gus est intelligente, elle s’épanouit dans son parcours professionnel et s’exile. Sarah, la femme de Gus est une belle personne à tous points de vue. Et Berit qui s’était tenue à l’écart de ses familles puis en a fait partie est le témoin privilégié des événements et ne regrette pas d’avoir attendu Harry. C’était sa destinée. Elle l’a accueilli après ce fameux périple dans le bois, vingt ans plus tôt. Certes elle n’a pas eu d’enfants, mais se considère privilégiée comparée à Rebekah qui a vécu telle une paria. Harry lui a construit une maison. Il sera leur foyer.
Ce roman est puissant dans la description des éléments de la nature, sa rudesse, sa richesse aussi et de la même manière on retrouve ces excès dans les rapports humains des habitants de Gunflint.
Bibliographie de nature writing
Je peux recommander des lectures de nature writing :
Le lac de nulle part de Pete Fromm se passe dans les mêmes territoires. On y retrouve un rapport très fort à la nature, une rudesse face aux éléments, une lutte pour la survie, un drame familial.
Dans la forêt de Jean Hegland est aussi un drame familial qui se déroule une vaste zone forestière où les deux survivantes d’une famille vont choisir de vivre en immersion complète dans la forêt.
Le livre de Yaak, Chroniques du Montana de Rick Bass.
Femmes de feu de Luke Short,
Le cœur sauvage de Robin MacArthur.
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