Voici une ébauche de pièce de théâtre. Je l’ai écrite dans un moment de contrainte. Je suis l’un des 3 personnages dont je parle.
©CaroleBessiere
Il est trois heures tragique réalité, les dés sont jetés. La montre s’est brisée, le temps a déraillé. 3 ombres dans une pièce, réparties chacune à une place qu’elles ne quitteront plus. Pas une parole n’est échangée. Seuls des bruits matériels évoquent leurs activités. Clic de souris, feuille tournée, stylo caressant la page.
Les dés sont jetés. Deux s’occupent pour qu’un troisième s’attelle à la tâche. Le premier surveille le second, lequel attend que le troisième dicte le résultat de son travail. Un soupir s’échappe tantôt d’une bouche, tantôt de l’autre. Les corps expriment leur ressentiment à
être contraints : étirements, membres qui se redressent, yeux au plafond, bâillement.
Le temps s’est arrêté. Ce sont les mains et les membres impatients qui dictent le tempo. Le ballet a commencé.
1e acte : chacun a son activité solitaire.
2ème acte : deux acteurs entrent en connexion, moyens : stylo, voix .
3ème acte : échange de production.
Les trois corps contraints survivent par leur ombre projetée sur les éléments (sol, table,
chaise).
Le sol prend sa part d’ombre en avance alors que le soleil dehors est au zénith.
La table placée au centre de la pièce pourrait accueillir un repas, une discussion, ou rien.
Pourquoi une table devrait-elle forcément servir à quelque chose d’ailleurs ?
La chaise supporte le poids de ces corps inertes. Elle remplit sa fonction comme toutes les chaises. Et si, parce que le temps a déraillé, les éléments de cette pièce se mettaient à perdre la notion de leur utilité. Les ombres s’y perdraient. Une ombre n’est que l’ombre d’elle-même.
Sol, table, chaises prennent la fuite. Les corps devenus célestes volent dans la pièce tels des âmes errantes.
Dans ce ballet absurde, sol, table et chaises se meuvent, se disloquent. L’ombre se tapit, craint que le ballet ne s’arrête pas. Et les corps, eux, que deviennent-ils ? Réduits à leur enveloppe cérébrale ils coiffent le sol, la table et la chaise. Ils essayent de maîtriser leur course. Les éléments et les corps se frôlent.
Le ballet s’accélère. L’ombre a peur de devenir la clarté. La chaise ne s’imagine pas en table. Le sol qui n’a pas décidé d’être là, qui ne sait rien de ces corps célestes, a peur de disparaître.
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